Le résultat du premier tour de l'élection Présidentielle 2017 est désormais connu, Emmanuel Macron (23.9%) et Marine Le Pen (21.4%) arrivent en tête de cette élection se qualifiant ainsi pour le deuxième tour se déroulant le 7 mai prochain. A noter tout de même, que cette élection connaît le deuxième taux d'abstention le plus élevé de l'histoire de la Veme République avec 21.8% des électeurs inscrits qui s'abstiennent pour une élection Présidentielle.

Les chercheurs en science politique étudient, depuis longtemps désormais, les facteurs permettant d'expliquer le comportement électoral. André Siegfried publia en 1913, un ouvrage intitulé Tableau politique de la France de l'Ouest sous la IIIe République, où en étudiant les résultats électoraux de plusieurs départements, il contribua à donner les bases méthodologiques d'une analyse multi-factorielle de la participation électorale.

Si les électeurs sont sensibles aux enjeux et au contexte de l'élection, ainsi que dans une certaine mesure aux médias, il semble que l'on puisse mettre en avant des "variables lourdes" du comportement électoral. Le premier tour de l'élection Présidentielle de 2017 est l'occasion d'analyser ici les déterminants sociologiques du vote.

Quelques ressources utiles pour analyser le vote

Le journal Le Monde propose une cartographie interactive du vote, où l'on peut observer une grande disparité géographique sur l'ensemble du territoire quant au résultat de l'élection. Au delà, de simples différences géographiques, cette carte met en avant des différences de culture politique.

http://www.lemonde.fr/data/france/presidentielle-2017/

L'enquête Ipsos publiée le 23 avril 2017 propose une sociologie de l'électorat du 1er tour de la Présidentielle. Cette enquête de terrain effectuée auprès d'un échantillon représentatif (méthode des quotas: sexe, âge, profession, région, catégorie d'agglomération) composé de 4698 personnes inscrites sur les listes électorales donne des informations concernant la composition sociologique de l'électorat des différents candidats.

L'âge est une variable explicative du vote. Jean-Luc Mélenchon arrive en tête chez les 18-24 ans récoltant 30% des suffrages des personnes interviewées dans cette classe d'âge (soit 10 points de % de plus qu'auprès de l'ensemble des électeurs). A l'autre extrémité de la pyramide des âges, c'est François Fillon qui est le plus plébiscité. 45 % des personnes interviewées de plus de 70 ans déclarent voter pour François Fillon lors du 1er tour de la Présidentielle.

La religion influence également l'électeur. En effet, parmi l'électorat catholique, François Fillon arrive en tête des suffrages. C'est d'autant plus vrai, parmi les personnes interviewées se déclarant "catholique pratiquant" où le candidat républicain comptabilise 51% des suffrages alors qu'il n'obtient que 17.9% des voix auprès de l'ensemble des électeurs.

La profession et catégorie socio-professionnelle (PCS) est un marqueur important du vote. 33% des cadres interviewés ont voté Emmanuel Macron au 1er tour de la Présidentielle (soit 9 points de plus que parmi l'ensemble des électeurs). Marine Le Pen arrive, elle, en tête chez les ouvriers interviewés dans cette enquête. Elle obtient 37% du vote ouvrier, soit près de 15 points de % de plus que dans l'ensemble de la population.

Le capital culturel influence aussi la décision de l'électeur. En effet, on observe que le choix du candidat est fortement influencé par le niveau de diplôme. Plus le diplôme est élevé moins les électeurs votent pour Marine Le Pen. D'après cette enquête, la candidate du FN capte 30% des voix chez les moins diplômés (inférieur au bac) et seulement 9% chez ceux qui ont des diplômes supérieurs au bac+3.

Le niveau de revenu du foyer est également une variable explicative du vote à prendre en compte. Parmi, les personnes interviewées dont le revenu mensuel du foyer est supérieur à 3000 euros, Emmanuel Macron obtient le score le plus élevé. 32% des personnes dans cette catégorie de revenu ont donné leur voix au candidat d'En Marche, soit près de 10 points de % de plus que l'ensemble des électeurs. Chez les personnes ayant les revenus les moins importants (moins de 1250 euros), les candidats les plus plébiscités sont Marine Le Pen (32%) et Jean-Luc Mélenchon (25%).

Enfin, lorsque l'on s'intéresse à l'abstention, on note que celle-ci a été particulièrement forte chez les jeunes et les catégories sociales les moins favorisées lors de ce premier tour de l'élection présidentielle. Ce sont 29% des 18-24 ans, mais aussi des ouvriers qui se sont abstenus.

Retrouvez l'enquête complète: Ipsos: sociologie de l'électorat et des abstentionnistes (Présidentielle 2017):

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 Lien vers l'enquête  IPSOS sur les résultats du 2e tour de l'élection présidentielle: http://www.ipsos.fr/decrypter-societe/2017-05-07-2nd-tour-presidentielle-2017-sociologie-electorats-et-profil-abstentionnistes