• Les questions sur l'accueil des réfugiés

    En septembre, nous avions déjà évoqué sur le blog l'accueil des réfugiés, il semble important de revenir sur ce problème en apportant quelques réponses à des questions essentielles pour mieux comprendre les enjeux au moment même où en Europe les Etats mettent en place des mesures restrictives:

    "Réfugiés" ou "migrants"?

    Le Haut commissariat au réfugié (HCR) précise que la différence entre les deux termes n'est pas qu'une question sémantique, mais une question de droit. Les réfugiés fuient des conflits armés ou la persécution. La protection des réfugiés est inscrite dans les textes juridiques internationaux, dont la convention de 1951 relative aux réfugiés impose aux Etats de ne pas renvoyer ou expulser les réfugiés vers des pays où leur liberté et leur vie seraient menacées.  Les réfugiés ont également le droit à des procédures d'asile justes et efficaces garantissant des conditions d'accueil et de vie dignes respectant les droits fondamentaux. Les Etats doivent donc assumer en vertu du droit international la responsabilité de la protection des réfugiés. En revanche, concernant les migrants, qui quittent leur pays pour d'autres raisons (amélioration des conditions de vie, travail, regroupement familial...), les Etats n'ont pas obligation, au regard du droit international, à offrir une telle protection, ainsi leur accueil dépend des contextes nationaux.

    Confondre ces deux termes contribue à nier la différence juridique, déresponsabilise les Etats dans la protection des réfugiés, et rend moins visible auprès de la population les droits des réfugiés. 

    combien y-a-t-il de réfugiés?

    Un article des décodeurs explique que l'explosion du nombre de réfugiés au XXIe siècle est historique, plaçant ainsi le Monde dans une situation inédite, tout aussi préoccupante que celle connue lors de la seconde guerre mondiale. Le HCR dénombre début 2015, 50 millions de réfugiés fuyant ainsi un des 14 conflits (8 en Afrique, 3 au Moyen-orient, 1 en Europe, et 3 en Asie)  entamés ces 5 dernières années.

    C'est bien le conflit syrien débuté en 2011 et les exactions de l'Etat islamique qu'une majorité de syriens, irakiens et afghans fuient. La guerre en Syrie est si forte que les Nations Unies reconnaissent automatiquement le statut de réfugiés à toute personne quittant la Syrie. Depuis le début du conflit, c'est plus de 12 millions de syriens qui ont aujourd'hui quitté le conflit soit plus de la moitié de la population (23 millions).

    Quels pays accueillent les réfugiés?

    Les réfugiés quittant le Proche-Orient se dirigent majoritairement vers la Turquie, le Liban et la Jordanie. La Turquie a déjà accueilli plus de 2 millions de réfugiés, et le Liban qui ne compte que 4,5 millions d'habitants a accueilli à lui seul 1, 1 millions de réfugiés depuis le début du conflit, soit autant que l'Egypte, l'Irak et la Jordanie cumulée.

    En Europe, les réfugiés ne représentent cependant que 0,3% de la population de l'UE (510 millions d'habitants). En 2015, plus d'un million de réfugiés ont demandé l'asile en Europe, soit deux fois plus qu'en 2014. Les réfugiés demandent majoritairement d'être accueillis en Allemagne, mais l'Angleterre est aussi un pays qui attire les réfugiés.

    L'UE a décidé en septembre 2015 de mettre en place une "procédure de relocalisation d'urgence" pour 160 000 réfugiés arrivés en Italie et en Grèce afin de réguler la situation des pays qui font face à d'importants flux migratoires. Six mois plus tard seuls 300 réfugiés auraient été déplacés vers d'autres pays d'Europe, illustrant le manque de coopération entre pays européens.

    L'accueil des réfugiés ne donne pas lieu à une politique européenne commune. Les pays du Nord (Danemark, Finlande, Norvège, Pays-Bas, Allemagne, Autriche...) ont tendance à mettre en place des procédures d'accueil de plus en plus restrictives restaurant notamment des contrôles aux frontières à l'intérieur de l'espace Shengen, alors que les pays du Sud continuent à faire face à l'arrivée massive de réfugiés. La Suède et la Finlande ont, par exemple, décidé en janvier 2016 de renvoyer près de 100 000 demandeurs d'Asile dont les dossiers ont été refusés. 

    D'après les données du ministère de l'intérieur, la France a accordé l'Asile à 19 447 personnes en 2015 (chiffre en hausse de 33% par rapport à 2014), cependant c'est plus de 60 000 personnes qui ont vu leur demande refusée. Les demandes d'asile refusées exposent alors un grand nombre de migrants à la clandestinité, et à des conditions de vie indignes. A Calais, par exemple des camps se sont établis où des réfugiés cherchent à transiter vers la Grande-Bretagne. Ces lieux ne respectent pas la dignité humaine et sont la conséquence de l'absence de prise en charge de cette problématique à la hauteur du drame vécu par les populations concernées.  http://www.liberation.fr/france/2016/01/26/ils-avaient-une-vie-avant-la-jungle_1429072

    Combien touchent les réfugiés?

    Les réfugiés ne bénéficient que d'une seule aide de l'Etat, à condition qu'ils aient établi un dossier de demandeurs d'asile. Ils ont alors le droit à une allocation de 11,45 euros par jour si ils ne bénéficient pas déjà d'un hébergement d'urgence (dans ce cas, ils touchent 91 euros/mois d'AMS). Les migrants ont également le droit en France aux soins et à l'accès à l'école. Cependant, ils ne disposent que trop rarement de l'information pour réellement y avoir le droit.

     Comment intégrer les réfugiés?

    Un rapport de l'OCDE insiste sur l'importance de mettre en place des politiques intégrant les demandeurs d'asile susceptible de se sédentariser. Si l'accueil des réfugiés s'avère coûteux à court terme, à long terme cela peut devenir économiquement intéressant pour les pays ayant accompagner l'intégration de ces populations. L'OCDE invite ainsi les Etats à intervenir rapidement pour offrir aux réfugiés des cours de langue, des programmes pour l'emploi et d'insertion. Il convient ainsi de favoriser l'intégration des réfugiés dans les bassins d'emploi dynamiques, plutôt que dans des régions où le logement est bon marché.

    Mais l'intégration dépend aussi beaucoup d'initiatives locales, politiques, associatives ou spontanées, créant des liens permettant à des personnes éloignées culturellement d'échanger. Cette intégration, permettant un accueil dans la dignité, est d'autant plus importante qu'elle relève des droits fondamentaux reconnus internationalement.

    Les questions sur l'accueil des réfugiés

     Une fable de Tahar Ben Jelloun intitulé : "Le dernier immigré"

    http://www.monde-diplomatique.fr/2006/08/BEN_JELLOUN/13757

     

     

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