• Jean Tirole, Prix Nobel d'économie 2014, dans son ouvrage intitulé Economie du bien commun propose une longue présentation du métier de chercheur en économie.  L'économiste français aborde les questions épistémologiques, il questionne les limites morales du marché, la place des institutions, la gouvernance des entreprises, apporte des éléments de réponses à certaines questions macro-économiques contemporaines (climat, chômage, finance,...) et explique le rôle des incitations dans la recherche du bien commun.

    Une critique de l'ouvrage par Philippe Steiner est proposée sur le site de la vie des idées: http://www.laviedesidees.fr/L-interet-general-une-affaire-d-incitations.html

    Jean Tirole propose une réponse intéressante à la question "l'économie est-elle une science?" (Cette citation peut-être utile pour une introduction aux sciences économiques):

    "Sa démarche est scientifique, au sens suivant.  Les hypothèses sont clairement explicitées, les rendant ainsi vulnérables à la critique. Les conclusions et leur domaine de validité sont alors obtenus par un raisonnement logique, conformément à la méthode déductive.Ces conclusions sont alors testées grâce à l'outil statistique.En revanche, l'économie n'est pas une science exacte, au sens où ses prédictions n'ont pas, et de loin, la précision, par exemple, des calculs de mécanique céleste. Comme un sismologue étudiants les tremblements de terre et la propagation des ondes, ou un médecin s'inquiétant de la possibilité d'un infarctus ou d'un cancer chez un patient, l'économiste qui tente de prédire, disons une crise bancaire ou une crise des taux de change, est plus à l'aise dans l'identification des facteurs propices à l'émergence du phénomène, que dans la prédiction de la date du déclenchement ou même de sa simple occurrence".(Jean Tirole, Economie du bien commun, 2016, p.130) 

     
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  • Fiche de lecture à télécharger:

    Télécharger « climat à quel prix.pdf »

    La COP21, 21eme conférence des Parties des nations unies, se déroule en décembre 2015 à Paris et rassemblera des délégations du monde entier autour de la question climatique. Ce livre présente ainsi les enjeux essentiels à la compréhension de la négociation climatique qui se déroule à Paris. Les auteurs de cet ouvrage, Christian de Perthuis et Raphaël Trotignon, sont deux économistes de l'université Paris-Dauphine spécialiste de l'économie du climat et du prix du carbone.

    La climat, à quel prix?

     

     

    Cet ouvrage offre les clés pour comprendre l'ensemble des enjeux de la COP21, tant sur le plan des sciences du climat (en s'appuyant largement sur les publications du GIEC) que sur le plan géo-politique et économique. Les auteurs, économistes, mobilisent les connaissances de la science économique et plus particulièrement les résultats des recherches menées par la Chaire Economie du climat de l'université Paris-Dauphine pour tracer les conditions d'un accord ambitieux à Paris. Un accord ne peut être ambitieux si on ne met pas en place des dispositifs donnant un prix au carbone afin d'envoyer aux acteurs privés les bonnes incitations pour assurer un développement « bas carbone ».

     Au final ce livre fait figure de réponse intéressante aux auteurs du livre "La Nature n'a pas de prix":

    http://le-cahier-de-ses.eklablog.com/la-nature-n-a-pas-de-prix-a119160450

     

     

     

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  • Critique du livre "Vive l'Etat!":

    Télécharger « vive l'Etat.pdf »

    Les idées passées ne sont pas pour autant des idées dépassées. C'est ce que pensent C. Chavagneux et I. Martinache qui publient un petit ouvrage intitulé « Vive l'Etat!» à partir d'extraits de textes d'Adam Smith éditées par Alternatives économiques dans la collection « les petits matins », dont la vocation est de rééditer des textes « classiques » de la pensée originale.

    Vive l'Etat!

    Adam Smith est ainsi souvent présenté comme le père fondateur de l'économie classique et de la pensée libérale en économie. Son œuvre est le plus souvent utilisé comme argumentaire contre l'intervention de l'Etat dans l'économie. En effet, Adam Smith explique que l'Etat est à l'origine de nombreuses distorsions en réduisant la concurrence et la libre circulation des facteurs de production.
     
    « But the policy of Europe, by not leaving things at perfect liberty, occasions other inequalities of much greater importance. It does this chiefly in the three following ways. First, by restraining the competition in some employments to a smaller number than would otherwise be disposed to enter into them; secondly, by increasing it in others beyond what it naturally would be; and, thirdly, by obstructing the free circulation of labour and stock, both from employment to employment and from place to place. »
     
    Ce passage de l'œuvre de Smith est l'un des plus connu. Cependant, Chavagneux et Martinache nous proposent à travers des passages choisis de la Richesse des nations de découvrir une autre facette moins connue de cet auteur. Smith ne serait pas aussi libéral qu'on veut le faire croire. Si réhabiliter le rôle de l'Etat dans la pensée smithienne semble tout à fait louable, en revanche le choix du titre de cet ouvrage « Vive l'Etat! » galvaude très largement la pensée d'Adam Smith. En effet, Smith accorde une place à l'Etat, mais nous sommes pour autant très loin d'un Etat-providence  ou d'un Etat soucieux des intérêts de tous. La place qu'accorde Smith à l'Etat se retrouve principalement dans les fonctions régaliennes (armée, police, justice). L'Etat dit le droit, reconnaît les droits de propriété, essentiels à l'émergence d'un marché, il surveille le respect des règles de concurrence, il protège les propriétaires, il sécurise leurs biens et garantit ainsi les droits de propriété. L'Etat dans la pensée d'Adam Smith reste une administration au service des propriétaires du capital. C'est d'ailleurs parce qu'ils y ont intérêt que Smith les appelle à payer des impôts pour financer l'éducation de la population par exemple. Vive l'Etat smithien!  
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  • François Bourguignon dans La mondialisation de l’inégalité, publié en 2012 dans la collection La République des idées au Seuil cherche à éclairer le rapport entre mondialisation et inégalités. Cet ouvrage riche en données empiriques est à la fois prospectif et prescriptif. Il permet d’avoir un éclairage sur la dynamique des inégalités, en différenciant la tendance mondiale des évolutions nationales apportant ainsi des éléments de compréhension des politiques économiques à mener dans le contexte de la mondialisation. 
     

    La mondialisation des inégalités

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  • Fiche de lecture à télécharger:

    Télécharger « la nature n'a pas de prix.pdf »

    Cet ouvrage publié par ATTAC fait le bilan suite au sommet de Rio+20 des grandes orientations prises dans le domaine de l’environnement. G.Azam, C.Bonneuil et M.Combes, à travers ce livre dénoncent la marchandisation de la nature.

    La nature n'a pas de prix

    Les deux premiers chapitres retracent l’histoire de la prise de conscience écologique menant à l’émergence de l’environnement comme problématique internationale. Dans ces chapitres les auteurs reviennent sur le contexte et les enjeux des différents sommets internationaux de Stockholm en 1972 à Rio +20 en 2012.

    Le cœur de la thèse de ce livre est développé dans le troisième chapitre, intitulé « Du développement durable à l’économie verte: les nouveaux habits de la marchandisation de la Terre ». L’économie verte sacrifie deux piliers du développement durable: l’environnement et le social. Imposée par les lobbys industriels et financiers, elle tient aujourd’hui une place centrale dans la plupart des négociations internationales (rapport PNUE 2011). Le PNUE définit l’économie verte « comme une économie qui entraîne une amélioration du bien être humain et de l’équité sociale, tout en réduisant de manière significative les risques environnementaux et la pénurie des ressources ».L’économie verte reconnaît notamment « la valeur du capital naturel et l’intérêt d’y investir ». La place que prend l’économie verte aujourd’hui souligne la résignation des gouvernants à placer l’équité, la justice sociale au dessus des logiques financières de rentabilité.

    Le « capitalisme vert », comme les auteurs le nomment, est à l’œuvre depuis une vingtaine d’années et tend à se développer: agro-carburant, marché du carbone, brevet du vivant, privatisation des communs naturels, financiarisation des ressources naturelles, en sont quelques avatars. 

    Donner une valeur à la nature: une ambition à ne pas mépriser

    Cet ouvrage qui a certes le mérite de dénoncer en partie les dérives de l’économie verte et d’exprimer les craintes que l’on peut avoir quant à l’avenir de la planète, bute cependant sur un problème qui s’exprime principalement à travers le titre du livre: « La nature n’a pas de prix ». Si on peut être d’accord (d’un point de vue moral) sur l’idée qu’on ne doit pas marchandiser ou monétiser la nature (ou le vivant), qu’au regard de l’instabilité de la finance (liée aux innovations financières), il est dangereux de confier la protection de l’environnement aux marchés financiers, rejeter ces orientations des politiques environnementales ne doit pas pour autant mener à déclarer comme le font les auteurs que la « nature n’a pas de prix » . Il n’y a alors plus qu’un pas à franchir pour déclarer que la nature n’a pas de valeur.

    Refuser de mesurer la valeur de la nature, refuser les évaluations monétaires notamment de l’environnement est l’une des causes sous-jacentes des différentes dégradations des écosystèmes.

    Allez-dire aux dirigeants de Total que les plages bretonnes, que les fonds marins, que les oiseaux du littoral n’ont pas de prix, ils seront les premiers à partager ce point de vue et à s’en réjouir autorisant ainsi des pétroliers à dégazer dans nos eaux en toute impunité.

    Refuser d’évaluer la nature c’est refuser d’évaluer les dégradations que les activités humaines causent à l’environnement, c’est permettre aux pollueurs d’exercer les méfaits gratuitement, c’est remettre en cause le principe du « pollueur-payeur ». 

    Si l’enjeu c’est de protéger l’environnement, nous nous devons de fixer un prix à la nature (le plus élevé possible) tout en mettant en place les mécanismes (réglementaires notamment) permettant de lutter contre les dérives potentielles d’une évaluation monétaire de la nature.

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